Le 5 septembre dernier, plus de 500 professionnel·les du monde du livre jeunesse et de l’éducation ont fait paraître une tribune adressée au gouvernement britannique, tribune initiée par Joseph Nhan-O’Reilly, défenseur international des droits et de l'éducation des enfants et Chris Haughton, illustrateur jeunesse récemment arrêté à Londres pour son soutien affiché à Palestine Action.
A l’instar de nos collègues d’Outre-Manche, nous lançons aujourd’hui un appel similaire depuis la France.
En tant que professionnel·les du livre jeunesse et de l’éducation, nous oeuvrons à protéger, inspirer et autonomiser les enfants partout dans le monde.
Nous sommes horrifié·es par le massacre de plus de 19 000 enfants à Gaza, par les milliers d’autres qui ont été blessés, mutilés ou sont devenus orphelins, ainsi que par la famine et le blocus humanitaire que leur inflige l'État d'Israël.
Nous nous sentons obligé·es de prendre la parole pour les défendre.
Nous sommes indigné·es par l’incapacité persistante de la communauté internationale à mettre fin au génocide et à demander des comptes à ses responsables.
Nous sommes également profondément préoccupé·es par les efforts visant à réprimer les manifestations et à restreindre la liberté d'expression. Tout comme la décision du gouvernement britannique de qualifier de «terroriste» le groupe Palestine Action, est absurde, en France, la procédure de dissolution du collectif Urgence Palestine et la récente perquisition contre l'Union Juive Française pour la Paix n'ont pas lieu d'être. Nous avons aussi été particulièrement ébranlé·es par la suspension fin mars d'une enseignante qui avait accepté la minute de silence réclamée par ses élèves suite à la rupture du cessez-le-feu causant 400 morts à Gaza en une journée, dont 117 enfants.
De manière générale, les personnes manifestant leur solidarité ne devraient pas être inquiétées ou entravées comme c’est pourtant le cas.
En tant que personnes engagées dans la défense de la liberté d’écrire, de s’exprimer et de manifester sans crainte, nous considérons cette évolution avec une grande inquiétude.
Si nous ne pouvons pas parler librement du génocide du peuple palestinien, si nous ne pouvons pas condamner ceux qui le permettent et soutenir ceux qui y résistent, alors que recouvre le droit à la liberté d’expression?
Nous demandons au gouvernement français de renoncer à la dissolution de Urgence Palestine ainsi qu’aux poursuites contre l’Union Juive Française pour la Paix et de stopper les procédures et les procédés qui visent à criminaliser les manifestations de soutien à Gaza.
Toutes les grandes organisations de défense des droits humains reconnaissent qu’il s’agit d’un génocide. Nous exhortons le gouvernement français à faire de même et à respecter ses obligations légales qui en découlent, notamment en mettant fin à tout commerce militaire et à toute autre coopération militaire avec Israël ainsi qu’en appelant au respect du droit international.
Nous attendons aussi du gouvernement français (comme l’a fait le gouvernement espagnol) qu’il demande officiellement la protection de ses ressortissant·es actuellement en route pour Gaza sur les flottilles humanitaires.
Nous ne pouvons nous taire alors que des enfants sont tués, affamés et privés de leurs droits élémentaires, définis et garantis par la Convention internationale des droits de l’enfant. Leur vie, leur histoire et leur avenir comptent. Notre engagement envers eux nous oblige à nous exprimer, et nous continuerons à le faire jusqu’à ce que tous les enfants du monde puissent vivre et grandir dignement, en paix et en sécurité.
Les signatures sont toujours ouvertes
Signez la pétition20/09/2025
"Nul ne peut rayer un peuple de la carte du monde!"
Alain Serres, auteur, éditeur et signataire de la tribune
Des professionnel·les du livre jeunesse édité·es en France ont souhaité joindre leurs voix à leurs collègues anglais après lecture de leur lettre ouverte adressée au gouvernement britannique le 5 septembre.
Celle-ci, signée par des auteurs/autrices, illustrateurs/illustratrices jeunesse a été initiée, entre autres par l'auteur jeunesse Chris Haughton (traduit en France chez Thierry Magnier) qui s'est fait arrêter pour avoir affiché son soutien au collectif Palestine Action.
Ici en France, nous sommes aussi uni·es face au sort des familles de Gaza et aux restrictions à la liberté d'écrire, de s'exprimer et de manifester en soutien au peuple palestinien qui ont été mises en place, comme la demande de dissolution de l'association Urgence Palestine, la perquisition qui visait l'Union Juive Française pour la Paix, la suspension d'une enseignante.
Nous avons donc décidé de traduire et d'adapter la déclaration anglaise pour faire cette nouvelle tribune.
Nous précisons qu'elle a été traduite avant les bombardements et l'invasion de Gaza par les chars israéliens des 17 et 18 septembre.
Lors de sa sortie dans le media en ligne Actualitté le 19 septembre, elle a réuni plus de 300 professionnel·les, la plupart autrices, auteurs, illustratrices, illustrateurs dont les ouvrages pour la jeunesse ont été primés, traduits et/ou sélectionnés par l'Education nationale dans les listes de recommandation. Notamment :
Marguerite Abouet, Beatrice Alemagna, Serge Bloch, Anne-Laure Bondoux, Marion Brunet, Benjamin Chaud, Alex Cousseau, Marie Desplechin, Malika Doray, Bernard Friot, Ilya Green, Sophie Guerrive, Thierry Magnier, Marie-Aude Murail, Eric Pessan, Hélène Vignal, Aurélie Neyret, Emmanuelle Houdart, Martin Page, François Place, Anouk Ricard, Alain Serres, Grégoire Solotareff, Thomas Scotto, Flore Vesco, Jo Witek...
Comme l'a déclaré Joseph Nhan-O'Reilly, défenseur international des droits et de l'éducation des enfants, coauteur de la lettre ouverte anglaise, "l'idée que toute personne qui cherche à défendre les droits des enfants en Palestine puisse être exposée à un risque d'arrestation ou de poursuites judiciaires — non pas pour des actes de violence ou d'incitation, mais pour son association à des idées ou à des causes jugées controversées — représente une grave menace pour la liberté d'expression, de manifestation et de dissidence."
Plutôt que d'utiliser les pouvoirs antiterroristes pour cibler des collectifs ou associations comme Urgence Palestine ou l'Union Juive Française pour la paix, qui organisent des manifestations et des événements de soutien au peuple palestinien, le gouvernement français devrait prendre des mesures immédiates et sans équivoque pour mettre fin au génocide perpétré par Israël.
Cette tribune reste ouverte à signature pour les professionnel·les du livre jeunesse ou de l'éducation en bas de cette page.
17/09/2025 — Le site web officiel de la tribune vient d'être mis en ligne
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